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“A l’origine de Silence on viole, il y a la colère. D’autres victimes avant nous, d’autres encore à venir. Toujours d’autres… Longtemps avant, longtemps après. Une chaîne ininterrompue qui n’en finit jamais de s’allonger dans le silence… Image terrifiante que l’on ne perçoit qu’une fois « initiées »… Constat amer de l’impuissance qui nous condamne à n’être qu’un chiffre dans une suite sordide.

Puis taper de nos deux poings, un grand coup sur une table pour dire que l’on n’en peut plus de ce sentiment de fatalité. Décider de dire et d’agir pour initier à la réalité autrement que par le drame, avec les bâtons de la raison.

Il est urgent d’ouvrir les regards, de rompre le silence. Placer le viol au centre, l’observer, l’analyser, la reconnaître et l’éradiquer. Nous choisissons l’art comme arme avec l’espoir raisonnable qu’après nous, déjà, ça ira mieux. Aujourd’hui, dans l’urgence, nous propageons l’idée que le viol n’est pas tolérable.”    

Marion Plumet et Jessica Roumeur

 

Silence on viole, le projet

198 000 agressions sexuelles sont recensées chaque année en France, parmi lesquelles on compte plus de 75000 victimes de viol, soit plus de 200 viols chaque jour. Mais ce n’est qu’une approximation, car la majeure partie des victimes conserve le silence. Le silence. Nous en sommes encore là. Nous vivons toujours dans l’omerta. Peu de campagnes existent et les campagnes contre les violences faites aux femmes qui voient le jour n’évoquent que très rarement le viol à proprement parler. En effet, ce mot est encore roi car il ne se dit pas, la violence et le malaise qu’il engendre détournent encore trop de regards. Culpabilité, ignorance de la loi, règne du silence. Nous vivons aujourd’hui encore dans une société qui protège l’homme de sa « fragilité hormonale ». Cette fragilité pourtant factice qui n’est pas un fait naturel mais bien un fait culturel. Ainsi, il est souvent difficile de défendre son statut de victime car la société porte sur ces personnes un regard de suspicion permanent. Cette suspicion qui vise à protéger la suprématie du désir masculin et amène à fermer les yeux sur les crimes commis en son nom peut alors conduire à l’inversion des rôles de victimes et d’agresseurs. L’expérience nous permet aujourd’hui de constater que de parler de viol, de sa propre expérience ou de celle d’un ou d’une proche amène à briser ce silence et à faire cet amer constat : tout le monde connaît au moins une victime de viol. C’est vertigineux mais somme toute logique car, comme nous l’indique l’enquête ENVEFF (Enquête Nationale sur les Violences Envers les Femmes en France), au moins une femme sur dix est victime d’un viol ou d’une agression sexuelle au cours de sa vie. Faites donc le compte autour de vous... Le viol est une gangrène qui ronge toutes les franges de la population, un mal face auquel personne ne peut se dire immunisé. En être victime est terriblement ordinaire. Il faut enrayer ce fléau insidieux et sortir l’ignoble de cette insupportable banalité. Il est grand temps de briser le tabou, de sortir de la honte et d’agir. Parler, écouter, regarder c’est déjà agir. 

De ce constat est né Silence on viole, un projet contre le viol dans lequel l’artistique et le préventif se croisent, se répondent et se confondent. Ainsi, ont vu le jour une campagne d’affichage dans les rues de Brest, une exposition regroupant une dizaine d’artistes ainsi qu’une performance théâtrale. En invitant des artistes à réfléchir et à créer autour de ce thème, Silence on viole a contribuer à briser le silence. Placer la question du viol au coeur de la cité est une manière de réveiller les consciences en amorçant la parole. Initiée par la plasticienne Marion Plumet et l’auteure Jessica Roumeur, cette campagne a été portée par l’association L’Ymagier et le Planning Familial de Brest. Elle a reçu le soutien de la ville de Brest, du département Finistère, de la région Bretagne et de l’état. Elle a vu le jour en novembre 2013 à l’occasion de la Journée nationale contre les violences faites aux femmes

 

 

La place des artistes

Ce serait une folie de penser que les artistes peuvent transformer le monde. Mais à bien y réfléchir, il serait plus fou encore de ne pas oser l’espérer. Depuis toujours, les artistes livrent des points de vue et rendent perceptibles un sujet, une idée. Messagers et messagères du réel – de notre réel – ils et elles partagent et surtout, questionnent. Les artistes éclairent là où les regards ne se posent pas d’emblée, là où ils n’osent pas se poser. Pour Silence on viole, nous avons souhaité réunir des artistes de parcours, d’expériences, de préoccupations, d’obsessions, d’âges et de milieux différents, autour d’un même sujet : le viol. Nous avons aujourd’hui réuni 15 hommes et femmes dans un souffle commun, dans une lutte qui fédère et donne envie d’en découdre. Que le viol soit pour eux et elles une expérience intime ou un récit lointain, une cicatrice encore sensible ou bien une simple question qu’on leur pose, l’important ici, est que la diversité des regards et des expériences permette de se confronter à cette thématique de la manière la plus riche et libre qui soit.

 

 

Les artistes

Anaïs Cloarec / Antonin Lebrun / Catherine Le Carrer / Cécile Congnard / Céline Cuisinier / Coca / Delphine Constant / Doriane Rio / Jessica Roumeur / Joseph Le Saint / Josée Theillier / Louise Forlodou / Lucia Salzgeber / Marc Gerenton / Marion Plumet / Marion Viot / Rodolphe Keller / Sophie D’Orgeval / Tita Guéry / Véronique Héliès /

 

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